Aventure
Un hivernage aux îles Kerguelen
Déc 2004 – Janvier 2006
Situation géographique
Petit archipel sub-antarctique perdu aux sud de l’Océan Indien, quelque part entre l’Afrique du Sud et l’Australie, les îles Kerguelen font partie des TAAFs – Terres Australes et Antarctiques Françaises. Balayées par les « quarantièmes rugissants » et les « cinquantièmes hurlants », ces îles sont parmi les territoires les plus inaccessibles au monde.
Pas de piste d’atterrissage pour les avions, trop éloignées pour les hélicoptères, le seul moyen d’atteindre ces îles est par la mer. Il faut 3 semaines de navigation au départ de La Réunion, et la seule liaison régulière est assurée par le Marion Dufresne seulement 4 fois par an.
Pas si petites que ça en réalité puisque l’île principale est grande comme la Corse.
Sur place, aucun habitant, mais une base scientifique et militaire, « Port Aux Français », maintenue en activité par une cinquantaine d’hivernants qui sont là pour 1 an.
l’intérêt de la présence humaine aux îles Kerguelen est multiple :
- leur emplacement est idéal pour mener à bien de nombreux programmes scientifiques
- elles sont situées sur les trajectoires des fusées et satellites lancés depuis la Guyane, Le CNES dispose sur place de matériel pour les suivre.
- Météo France maintient une équipe de 2 à 3 personnes pour récolter des données météo
- La zone marine qui entoure les îles des TAAFs (Crozet, Kerguelen, St-Paul Amsterdam) est immense et représente un intérêt stragétique notable notamment pour la pêche.
Port Aux Français, base scientifique et militaire
PAF est une base confortable, avec des bâtiments en dur pour les différentes infrastructures (garage, centrale électrique, mini-hôpital, restaurant, locaux d’habitation).
La vie sur base s’organise comme une véritable micro-société. Chacun a sa propre activité et on trouve tous les corps de métier : maçon, électricien, boulanger, cuisinier, médecin, mécanicien de la centrale, garagiste etc.
Si l’ambiance peut varier un peu d’une année à l’autre, on y retrouve souvent les mêmes tendances : l’isolement extrême contraint à une certaine rigueur sur bien des aspects mais n’empêche pas pour autant le côté festif de s’exprimer, bien au contraire.
Ma mission
Les sujets des programmes scientifiques menés aux îles Kerguelen sont nombreux et variés : sciences de l’atmosphère, magnétisme, géologie, biologie des plantes, des animaux, des insectes.
Embauché comme volontaire par l’IPEV – Institut Paul Emile Victor, institut polaire français, j’avais pour charge d’assurer le bon déroulement de l’ensemble des programmes scientifiques, c’est à dire décider de qui allait où, quand, comment et avec quel matériel, mais aussi assurer le ravitaillement des cabanes.
Sites isolés
Une grande partie des programmes scientifiques se déroulent à l’extérieur de la base, parfois même très loin de celle-ci. Des cabanes sont installées un peu partout dans l’archipel, en des endroits stratégiques pour le besoin de ces programmes.
Une grosse moitié de mon travail consistait à entretenir ces sites isolés et à en assurer le ravitaillement en nourriture, et énergie.
Toute une partie de l’île, la péninsule Courbet, de topologie relativement plane, est accessible en tracteur.
Le chaland permet d’atteindre toutes les iles du « Golfe du Morbihan » et la partie sud de l’archipel.
Certains sites ne sont accessibles qu’à pied, et il faut parfois plusieurs jours de marche pour les atteindre.
Il m’est arrivé de profiter de l’hélicoptère du Marion Dufresne lors de ses courtes escales pour faire des ravitaillements sur des sites particulièrement inaccessibles